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Appel à contribution pour un « colloque international » sur la presse alternative

dimanche 12 juin 2011, par Atelier médias libres

Depuis sa naissance la presse a joué un rôle fondamental dans la vie des sociétés, autant dans le cadre des
processus de démocratisation que comme facteur d’endoctrinement, en particulier dans les sociétés non
démocratiques. L’histoire de la presse papier, et plus récemment celle de la presse en ligne, est directement liée à ce
qui a été décrit par Habermas comme l’émergence et le développement d’un espace public en Europe à partir de la fin
du XVIIe siècle. Au sein de cet espace public médiatique, ont également émergé des formes de contestation, parfois
radicales, des ordres établis. Cette presse, souvent qualifiée d’ « alternative », de « progressiste », ou d’ « utopiste »,
nous intéresse quand elle porte des valeurs d’émancipation et de progrès social, ou quand elle s’oppose aux divers
mouvements réactionnaires des XXe et XXIe siècles. C’est volontairement que nous laissons de côté, dans le cadre de
cet appel à contribution, les réflexions tout aussi légitimes qui porteraient sur une presse « alternative » à celle
dominante, mais qui serait réactionnaire ou d’extrême droite.

Cette histoire de la presse alternative progressiste est également celle des imaginaires qui ont pris vie autour de
quelques visionnaires, des mouvements sociaux, des conceptions de la culture, de la création du lien à la nature, des
sociabilités et du vivre ensemble. Le monde de la presse a vu fleurir de nombreuses feuilles qui ont accompagné les
revendications d’une démocratisation des institutions, et les appels à des changements radicaux considérés comme
utopiques. Une multitude de productions imprimées ont attaqué sans relâche la pensée dominante, dénoncé les
autoritarismes, rendu compte des multiples expérimentations dans l’engagement quotidien : anti-militarisme, anti-
autoritarisme, vie communautaire, féminisme, libération sexuelle, syndicalisme révolutionnaire, écologie, non-violence,
solidarité internationale et la « contre-culture » en général.

On peut cependant d’un côté interroger le rôle de la presse alternative anti-autoritaire en se demandant si la
multiplication des espaces publics critiques ou marginaux de fait ne contribue pas au maintien des statu quo
idéologiques. Et de l’autre, si elle ne risque pas, parfois, dans ses modes d’organisation de reproduire certains des
effets de fermeture et des rapports de domination contre lesquels elle lutte.

Ces publications, tantôt restées confidentielles, tantôt devenues des revues ayant pignon sur rue ont généré des
formes d’organisation, des rapports à l’écriture, des esthétiques, qui ont pu incarner très directement des rêves, des
colères, des visions du monde. Les recherches graphiques leur étant associées, comme cela arrive souvent avec les
courants d’avant-garde, ont bouleversé les formes mais aussi les contenus. En outre, les technologies domestiques ont
permis de développer des productions non industrielles avec une efficacité remarquable : ronéo, photocopieuse puis
imprimantes domestiques.
Chercheurs académiques et militant-e-s étudient ces phénomènes, mais exploitent également les fonds
patrimonialisés dans des musées, des centres d’archives, des centres associatifs, contribuant ainsi à en identifier et en
rééditer un grand nombre. C’est cette histoire et ces pratiques associatives et institutionnelles de recherche, de collecte,
d’exploitation, et de réinvention que nous cherchons à interroger dans ce colloque. Ensuite, nous souhaitons interroger
en quoi la présence constante de cette pensée, et de ces écrits, a contribué à la mise en circulation d’une culture
émancipatrice et d’un imaginaire utopique, et à son éventuelle reprise plus large dans la société. Enfin, nous pointerons
le caractère non exclusivement « marginal » de ces pratiques d’expression qui se sont également développées au sein
des institutions, et dont la description historique dépend, aujourd’hui, d’institutions patrimoniales et culturelles. L’enjeu
sera également pratique : comment faire en sorte que les centres de documentation alternatifs et les institutions
publiques (et/ou privées), dédiées à maintenir vivante cette mémoire, puissent chacun avec leur propres moyens et
selon leur sensibilité, enrichir la documentation concernant cet important segment de la création culturelle ?

L’appel à communiquer est ouvert aux chercheurs de l’ensemble des disciplines des sciences humaines et
sociales ainsi qu’aux acteurs ayant participé à la création et la vie d’une ou plusieurs publications que compte cette
presse et pouvant témoigner de leur pratique. Nous attendons des communications ancrées historiquement et
anthropologiquement et nous sommes ouverts à toute proposition articulant le local à l’international.

Les axes de questionnement du colloque pour lesquels le comité scientifique attend des propositions sont les
suivants :

- Histoire et formes de la pensée utopique dans la presse alternative
- Graphisme, mise en page, pratiques éditoriales
- Moyens et environnements techniques
- Lieux et institutions de la presse alternative
- Dimensions locales et internationales
- Les formes de l’engagement
- Les usages et les publics
- Les processus de patrimonialisation

Les propositions, de 1500 signes à 3000 signes, sont à envoyer avant le 10 juillet à :

Mimmo Pucciarelli, CEDRATS : mimmo.pucciarelli(arobase)laposte.net
Joëlle Le Marec, ENS Lyon : jlemarec(arobase)neuf.fr

Comité organisateur :
Mimmo Pucciarelli (CEDRATS, Lyon), Alan Marschall (Musée de l’imprimerie de Lyon), Anne Catherine Marin (Archives
Municipales de Lyon), Joëlle Le Marec (Centre Norbert Elias), Igor Babou (Centre Norbert Elias)

Appel Colloque Presse Alternative

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