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Une critique de la mythologie activiste des réseaux sociaux

lundi 11 octobre 2010, par Atelier médias libres

Assez étonnamment publié sur le site du New Yorker, un texte met une gifle cinglante aux mythes répandus de l’activisme via les réseaux sociaux Twitter / Facebook : Small Change - Why the revolution will not be tweeted. De la prétendue insurrection iranienne coordonnée sur Twitter (l’administration américaine avait alors demandé au réseau social de différer une opération de maintenance, un autre l’avait proposé comme prix Nobel de la Paix) à l’engagement en soutien à telle ou telle cause sur Facebook, Malcolm Gladwell revisite les mythes fondateurs de réseaux sociaux qui permettraient l’émancipation.

Il pointe ainsi le problème majeur que posent les réseaux sociaux aux militantEs : ils leur permettent plus facilement de s’exprimer, mais rendent plus difficile un quelconque impact de leur expression. Il repart de l’histoire d’un évènement fondateur du mouvement pour les droits civils aux Etats-Unis, en mettant en relief l’importance des liens concrets qui unissaient 4 jeunes demandant un café à un endroit réservé aux blancs, ainsi que les liens constituant l’ensemble de ce mouvement. L’impact du militantisme sur le web serait ainsi minoré par la faiblesse de l’implication qu’il implique (bon ça on savait), mais aussi par la faiblesse des liens unissant les personnes sur internet, et enfin par une absence de hiérarchie empêchant de prendre des décisions, par l’absence de discussions collectives et d’organisation concrète.

Il me semble que ça met en lumière le phénomène lié aux réseaux sociaux depuis quelques années pour nos sites : les gens ont beau passer de plus en plus de temps sur internet, les sites d’infos alternatifs sont moins visités, de moins en moins centraux : l’information s’échange ailleurs, via les réseaux sociaux, mais son impact concret est également diminué. Les sites d’infos faisant ainsi autrefois figure de point central d’information (donc avec une certaine hiérarchie par rapport au reste d’internet) seraient relégués dans un coin du web, remâchant sans cesse les mêmes thématiques (voir l’article Why Indymedia Sucks - Thoughts From Conference09).

Mais cet article interroge aussi notre pratique de l’information militante : finalement quel est son objectif, qu’est-ce que ça apporte concrètement sur le terrain en dehors de favoriser un foisonnement de nos expressions… comment est-ce que ça peut renforcer nos liens entre nous, est-ce même possible ? Et si l’enjeu est la visibilité de nos luttes et le partage de nos réflexions, quel usage de nos sites et des réseaux sociaux faut-il avoir et comment l’articuler, l’ancrer dans la vie concrète, dans nos lieux collectifs, dans la rue ?

PS : article trouvé via Owni, où l’auteur conclut :

Aux vues de ce qui s’est passé en France durant les dernières semaines, si j’étais membre du gouvernement actuel, je remplirais Facebook de pages du genre « contre la réforme des retraites ». Ça permettrait aux gamins de 15 ans d’assouvir leur besoin d’engagement, et ça leur éviterait de se retrouver au milieu des cohortes syndicalistes… et on serait enfin fixé sur le nombre de « manifestants ».

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