OrientXXI est un nouveau site consacré au « monde arabe », du Maroc à la Turquie. Il ne se situe pas directement dans la sphère « anti-autoritaire » mais il est suffisamment proche, et intéressant, pour être signalé. Il est lancé par des journalistes, militants ou blogueurs opposés depuis des années à la désinformation sur cette zone.
L’idée de ce site est née d’un constat : les révolutions arabes ont ouvert de nouveaux espaces du possible, de nouveaux horizons. Elles nous ont fait découvrir des pans entiers de ces sociétés jusque-là invisibles, et notamment une jeunesse active, engagée, ouverte sur le monde. Pourtant, la couverture médiatique de cette « zone » reste souvent partielle, parfois superficielle. Elle se focalise sur l’affrontement entre « islamistes » et « laïques », seule grille de lecture qui nous est offerte. Elle ignore les bouleversements des sociétés, des groupes, des individus.
Extrait de la présentation de ce site déjà très fourni. A noter, le site propose parmi plusieurs rubriques, une revue de web intéressante sur le sujet. Quelques notes et discussion sur la réalisation technique de ce site sous Spip bien foutu par ici.
Archives militantes. La question de l’archivage des médias alternatifs est l’un des chantiers de travail au sein du réseau rencontres médias libres depuis l’été dernier. C’est aussi celui des Archives Getaway, qui souhaite
organiser la collecte et la conservation de tous types de documents, en particulier les plus éphémères (tracts, brochures) et les plus fragiles (sons, images), concernant les luttes sociales et les groupes révolutionnaires depuis les années 60.
Le deuxième weekend de projections et discussions de ce projet récent a pour thème Intervenir par l’image : cinéma militant ou cinéma d’intervention ? Ça se déroulera à Montreuil du samedi 9 au lundi 11 novembre 2013 à la Maison Ouverte, au 17 rue Hoche à Montreuil.
Des films, bien sûr, mais aussi des questions : quel rapport à l’image ? Comment intervenir avec la caméra et les films ? Qui filme quoi et pour quelle diffusion ? L’auteur a-t-il enfin disparu dans les années 70 ?…
Serviront de matière : des films du groupe Torr e Benn, de l’Apic, des films d’Audiopradif, une expérience de coopérative de diffusion de vidéo, un cinétract, des films à propos des luttes sur le logement, de jeunes prolétaires de banlieue, de la marche sur l’Espagne…
Relance d’une radio associative. Un événement assez particulier le weekend dernier : des ateliers d’échange de savoir-faire autour des radios libres ont eu lieu du 24 au 27 octobre au sud de Grenoble pour relancer Radio Mont-Aiguille
Une nouvelle radio associative locale est en projet. Il s’agit d’un média de territoire, reflet et moteur de la vitalité et du pluralisme des terriroires (Trièves, Beaumont, Matheysine, Valbonnais), animé par les énergies associatives, citoyennes, culturelles et politiques.
Le programme de ces quelques jours était assez impressionnant, ça va faire des envieux et envieuses dans d’autres coins.
Ces ateliers sont portés bénévolement par des amateurs et professionnels de radios associatives, venu-e-s de Marseille, Montpellier, Paris, Forcalquier, Grenoble et Lyon. Ils sont accueillis gratuitement dans les salons, les cuisines et les salles communales des auditeurs et auditrices de la radio. De nombreux habitant-e-s et producteurs-trices contribuent à l’hébergement et aux repas des intervenant-e-s. Tout cela en soutien à la relance de notre radio.
Peut-être des échos de ce week-end sur l’Atelier bientôt…
Manifeste. Après l’appel des 451 pour agir et réfléchir autour des métiers du livre, en France… celui des éditeurs indépendants italiens.
Nous nous sommes rencontrés de manière informelle, non pour faire une assemblée littéraire de « justes », ni pour organiser l’énième festival des éternels exclus, mais pour comprendre pourquoi des dizaines et des dizaines d’éditeurs indépendants, des très petits jusqu’aux moyens, ont la même impression que quelque chose d’important et de délicat est en train d’arriver dans le monde du livre. Une grande transformation, peut-être moins lente qu’elle n’y paraît, se produit dans les dynamiques internes de la filière du livre – qui l’alimente, qui le distribue, qui le vend – jusqu’aux endroits où il est encore réservé à quelques privilégiés.
Un long texte mais des questionnements intéressants, notamment sur Google, le numérique, la biodiversité des éditeurs, le livre comme bien commun, etc.
Il faut avant tout considérer le livre comme une ressource, pour tous et par tous. Le livre compris comme un écosystème complexe, dans la variété de ses formes et de ses articulations, avec, au travers de sa diversité bibliographique, l’extension des êtres qui l’habitent. Nous voulons parler de « bibliodiversité », pour imaginer des sujets vivants, en chair et en os, qu’une telle « bibliodiversité » fait exister, qu’ils soient auteurs, éditeurs, lecteurs, étudiants, bibliothécaires ou lecteurs.
(Note à l’attention du collectif ArticleXI : on sabote votre prochaine fête si vous maintenez cette atroce Times New Roman sur votre site Internet).
Cartographie radicale. Un camarade participant au projet sous-surveillance lance une initiative pour documenter les nombreux décès dans les prisons françaises. C’est le début du projet, mais il est déjà ouvert à participation et devrait permettre à terme de réunir plus d’infos. Sous-surveillance vient par ailleurs d’être traduit en russe, à l’occasion du lancement de Minsk sous-surveillance (!), en Biélorussie.
Le collectif Tactical Tech publie un livre (en anglais) sur les techniques du graphisme dans un cadre militant, en particulier la représentation de données pour informer / dénoncer. « Visualizing information advocacy s’accompagne d’un site, et d’une sélection et présentation d’outils libres et gratuits classés par scénarios pour mettre en page mais aussi cartographier, etc. Si le sujet vous intéresse, voir aussi http://geojournalism.oeco.org.br/.
Sondomanies brunes. Acrimed revient sur les sondages dans la presse qui prophétisent les victoires du FN et leur caractère auto-réalisateur.
Il ne s’agit évidemment pas ici de nier que le Front national connaît depuis plusieurs années, comme les partis d’extrême droite ailleurs en Europe, une progression inquiétante, ni qu’il est en position de réaliser d’excellents scores lors des prochains rendez-vous électoraux. Néanmoins, cette montée du FN ne justifie pas, bien au contraire, les alarmes sondagières tirées à tort et à travers par les grands médias à l’approche de chaque élection, sans autre perspective que de réaliser « un coup » éditorial et si possible commercial. Ces prophéties répétées annonçant un FN triomphant pourraient même finir par devenir auto-réalisatrices.
Soutien inconditionnel. On peut détester le webmail de riseup qui fait perdre tant de temps aux camarades qui l’utilisent exclusivement et les dégoûte des mails (un logiciel comme Thunderbird peut facilement être sécurisé avec TrueCrypt pour un usage de base), mais il faut évidemment soutenir Riseup ! C’est le moment de la campagne annuelle de financement du collectif américain qui soutient les luttes partout dans le monde et qui a, à son tour, besoin du nôtre. Ca peut être saoûlant d’envoyer 5 euros avec sa carte bleue, mais c’est facile de faire une collecte auprès de ses potes également utilisateurs et utilisatrices de ces services sécurisés. Vous pouvez même envoyer ça grâce à une carte bleue prépayée si vous souhaitez ne laisser aucune trace. Riseup accepte aussi les bitcoins (hé hé).
La presse dominante et les révélations sur la surveillance. Le blog Hors-sol revient sur les publications dans Le Monde sur l’affaire Snowden : « Combattre Big Brother » et promouvoir Big Brother,
c’est toujours vendre du papier (et des clics).
L’« affaire Snowden » vient confirmer un discours que nul au Monde n’a cru bon de relayer. C’est que le quotidien est une référence pour les promoteurs de l’industrie numérique. Cette « Nouvelle France Industrielle » qui, selon Hollande et Montebourg, va nous sortir de la « Crise ». Un jour, Le Monde s’offusque de la surveillance planétaire comme d’une prétendue « dérive » de la numérisation. Un autre, il fait la publicité du « Big Data » pour les industriels et pouvoirs publics : « L’analyse des gros volumes de données peut devenir d’une efficacité sans faille, ou presque. Elle permettra par exemple de proposer à un internaute une réclame
ciblée ou à un patient un traitement sur mesure. » Publi-reportage à l’appui. Or, si l’on numérise des
pans de plus en plus vastes de nos vies, il n’y a pas à s’étonner que celles-ci soient connues, analysées,
exploitées. La surveillance de la population est dans le projet cybernétique comme le fruit dans la
graine.
Surveillance, plus pratiquement. Deux textes, l’un en anglais du Tactical Tech, l’autre de l’Electronic Frontier Foundation, précisent ce qu’on peut faire sur Internet en tenant compte aujourd’hui des révélations de Snowden sur la NSA (qu’on peut extrapoler à la DGSE, y’a pas de raison).
- Does encryption still works ?
- Comment se protéger des logiciels malveillants. Ca reste assez pointu.
Salon. Les 23 et 24 novembre prochain aura lieu, à Lyon, le 3e salon des éditions libertaires. Des dizaines de maisons d’édition et de revues invitées, une retransmission en direct sur radio Canut, plein de débats dont un sur Thessalonique avec Z, le programme est chargé.
Face aux trolls. Un article d’un blog du Monde propose une synthèse intéressante sur cette question qui préoccupe tous les collectifs qui s’occupent de site Internet, les messages sous les articles. Faut-il tout accepter ou carrément fermer la possibilité de commenter, modérer a prioi ou a posteriori…
J’ai souvent été gagné par le découragement ou la colère et tenté d’adopter la solution de Popular Science. De fermer les commentaires et d’avoir la paix dans mon espace. Et puis, à chaque fois, je me suis dit que ceux que j’appelle par ironie les courageux anonymes seraient trop contents d’une telle réaction. Je n’ai pas voulu oublier que, pour un journaliste, l’atout d’Internet par rapport au journal papier est ce contact quotidien avec ceux qui le lisent, cette possibilité de se parler, d’échanger des idées et des informations car il arrive souvent qu’un commentaire enrichisse le billet que j’ai écrit. J’ai donc tenu bon en choisissant simplement, impitoyablement, de clouer le bec aux menteurs patentés, à ceux qui font profession de semer le doute. Ils ont beau jeu, ensuite, de crier ensuite à la censure sur les forums où ces groupuscules aiment à cracher sur les médias, mais peu m’importe. Ce qui compte à mes yeux, c’est que leur propagande et leurs mensonges ne soient pas passés par chez moi. Cela implique de relire tous les commentaires avant leur publication.