Tadam. Un nouveau site d’info alternative à Paris : Paris-luttes.info est déjà visible en ligne, mais sera véritablement lancé le 16 novembre au Transfo à Bagnolet. Le texte d’intention / présentation du site, c’est par là.
Racisme. "Islamophobie, la création du problème musulman", ce sont deux émissions, librement diffusables, réalisées par un animateur de radio Zinzine et une participante de la revue itinérante Z avec deux sociologues, Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed, qui viennent de publier Islamophobie, comment les élites
francaises créent le problème musulman aux éd. La Découverte. Pour les écouter et les faire passer, c’est ici et là.
Nature. La Hulotte, la revue la plus lue dans les terriers, diffusée sur abonnement et dans quelques librairies comme La Gryffe à Lyon, sort son 100e numéro en 41 ans, consacré à la musaraigne étrusque et au martin pêcheur. À l’origine issue du mouvement naturaliste, « la petite encyclopédie des bois et des champs » est devenue une entreprise, mais toujours dans un but militant d’éveil à la protection de la nature. La revue est réalisée par une seule personne, sans pub, etc., mais diffusée à 150 000 exemplaires !
Bouquin. Une série d’événements autour de 50 ans de presse alternative avait eu lieu, à Lyon, en 2011. L’Atelier de création libertaire publie les contributions à un colloque tenu dans ce cadre-là : La presse alternative entre la culture de l’émancipation et les chemins de l’utopie . Quelques extraits devraient être publiés sur l’Atelier.
Diffamation. Offensive sur le front de la judiciarisation de l’expression publique : d’une part, un député souhaite encore allonger le délai de prescription pour les blogs ; d’autre part, une municipalité vient d’obtenir le droit de porter plainte pour injure publique et diffamation. Passée assez inaperçue, cette jurisprudence en faveur des collectivités territoriales pourrait pourtant faire des dégâts auprès des groupes, radios, sites ou journaux qui font de l’info locale. Exemple de la nocivité de ce délit, un site d’info alternatif passe en procès à Paris fin novembre, poursuivi par le ministère de l’Intérieur pour diffamation envers une administration publique et des baqueux… À quand une défense collective ?
Déontologie. S’interrogeant sur « la défiance » des lecteurs et lectrices vis-à-vis de la presse, les Assises du journalisme à Metz se consacrent cette année à la question de la vérification de l’information. Un rapport présenté à cette occasion, nommé L’Insécurité de l’information (!), pointe 150 gros soucis déontologiques.
Bien sûr, il n’évoque pas les liens entre presse dominante et pouvoirs financiers, industriels ou politiques. Le vice-président du Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne, le Spiil, résume dans Libération du 6 novembre, avec une perle de cynisme libéral, son attachement à la déontologie, « un sujet économique fondamental. La perte de confiance entraîne la désaffection des lecteurs, et donc des conséquences économiques ».
À charge. Hans Magnus Enzensberg, l’essayiste allemand notamment auteur du Bref été de l’anarchisme sur Durruti, a publié une violente tribune dans laquelle il rappelle le caractère intrinséquement lié de la surveillance à la publicité :
Ce qui est beau dans le régime post-démocratique dans lequel nous vivons, c’est son silence. Les rôles du gardien d’immeuble-espion et du délateur sont désormais assurés par des millions de caméras de surveillance et de téléphones portables. Pour la très grande majorité des gens, c’est chose assez agréable. Doit-on alors appeler progrès historique le fait de découvrir que la surveillance totale et le contrôle total de la population s’avèrent également possibles avec des moyens relativement non violents, relativement peu sanglants ?
Cette situation est garantie par la domination des services secrets et leur alliance avec la publicité. Qui s’accommode donc de ce régime le fait à ses risques et périls.
« Le terrorisme publicitaire »
Mémoire. Très riche interview de Sorj Chalandon, écrivain, journaliste formé sur le tas, et ex de la Gauche prolétarienne, parue dans le numéro d’octobre de CQFD. À propos de la Résistance, de guerre, d’engagement politique, d’Action directe et de presse…
J’ai d’abord fait beaucoup de faits divers, parce que je trouvais que c’était l’aristocratie du journalisme. C’est dans les vols, les vols à main armée, dans les viols et dans les crimes que les mots sont les plus forts. Tu as des mots de gauche et des mots de droite à ce moment-là. Dans les pages Économie ou Politique, je peux te montrer des articles, tu ne sauras pas s’ils viennent de Libé ou du Figaro. Pour les faits divers, le choix absolu des mots fait le clivage entre la « bonne presse » et la « mauvaise presse ». À l’époque, il y avait encore la peine de mort. Le fait divers, c’est le lieu de l’information qui est le plus miné. Je suis extrêmement fier d’y avoir appris le métier. « Je vis avec la mort et la trahison en essayant de me garder de l’une et de l’autre »
Panique. Orson Welles aurait provoqué, en 1938, une hystérie collective sans précédent lors de la diffusion de sa pièce radiophonique La Guerre des Mondes. C’est en tout cas l’accusation, mensongère, que clamaient les journaux de l’époque. Un épisode important et révélateur de l’histoire de la radio, de ses liens compliqués avec la propagande, la publicité, l’Etat, etc.
Encore aujourd’hui, les médias doivent être à même de convaincre les annonceurs qu’ils gardent le contrôle sur leur public. Ainsi, CBS célèbre régulièrement la diffusion de La Guerre des mondes et de l’effet supposé qu’elle a eu sur le public. (…)
D’un autre côté, les régulateurs fédéraux doivent persuader les politiques de l’importance de leur rôle de gardiens des ondes. Pour les médias comme pour les régulateurs, La Guerre des mondes fournit donc une excellente preuve du pouvoir potentiel des médias. Non, « La Guerre des mondes » d’Orson Welles n’a pas paniqué les Etats-Unis
Discussions. André Gunthert, chercheur mais surtout blogueur, revient sur l’intérêt des commentaires, selon qu’ils sont sous les articles ou sur les réseaux sociaux, (sorte de réponse à l’article signalé ici la semaine dernière, sur la possibilité de commenter ou non sur les sites Internet). Et pour lui, la possibilité d’échanger autour d’un article fonde la supériorité d’Internet sur le papier.
Au temps du petit noir sur le zinc, on se saisissait des infos pour les disséquer entre amis. La conversation est un espace de formation du jugement par la confrontation des avis. Nous y recourons pour tester et améliorer nos évaluations, pour apprendre ou pour faire étalage de notre savoir, pour négocier notre place dans le groupe. (…)
Dès lors qu’elle s’applique à l’actualité, la possibilité de discuter une information est évidemment préférable à sa seule consultation. Information + conversation forment l’équation magique des réseaux sociaux, qu’aucun média papier ne peut concurrencer.
Suffit-il d’ouvrir un article aux commentaires pour bénéficier de cette puissance ? Il faut entrer plus avant dans la dynamique conversationnelle pour comprendre que l’interaction n’est pas qu’un problème de dispositif technique, mais un changement d’énonciation. Pourquoi la conversation l’emportera
Investigation alternative. Vous avez trouvé flippantes les révélations du Monde ou d’autres médias sur l’espionnage de la NSA, notamment la surveillance branchée directement sur les câbles Internet ? Toutes ces infos-là et bien d’autres étaient publiées (dans l’indifférence générale, mais aussi celle des journalistes spécialisés) depuis des mois sur reflets.info ! Ce site bénévole, animé par différents blogueurs et recensé sur mediaslibres.org, avait précédemment révélé l’espionnage de la population libyenne par une société et du matériel français.
Rappel. Les deuxièmes rencontres des archives Getaway, c’est le week-end prochain ! Le thème : Intervenir par l’image : cinéma militant ou cinéma d’intervention ?