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Prises de bec à Paris sur les médias alternatifs

mardi 17 avril 2012, par L’atelier

Prises de bec à Paris sur les médias alternatifs
http://paris.indymedia.org/spip.php ?article10582
et http://paris.indymedia.org/spip.php ?article10494

L’article « Indymedia, exemple d’une appropriation (militante) des biens communs » répond à l’article accusatoire « Demosphere, exemple d’une appropriation (militante) des biens communs », suite à la non-publication des rendez-vous d’un collectif militant sur l’agenda parisien. Au-delà de la question (peu intéressante et éternelle) sur la modération des commentaires / compléments d’information, se pose en filigrane une question centrale et encore non résolue dans la plupart des villes dotées de ce type de site (Indymedia, Rebellyon ou autres et les agendas militants), et qui explique certainement l’essoufflement de la plupart de ces sites : qui administre, qui modère, et avec quel mandat ?

En général, il n’y pas de mandat de la communauté qui utilise ces médias. Et les retours sont souvent restreints, alors que le poids de ces médias dans l’expression publique des militant-e-s est important. Comment construire une rupture avec non seulement la répartition des rôles issue des médias classiques émetteurs vs récepteurs mais également avec celle qui se construit au sein des médias alternatifs entre administrateurs et usagers (lecteurs réguliers et/ou contributeurs) ?

A Lyon une tentative de « réseau Rebellyon » s’est construite pour assurer un retour critique sur le site, pour empêcher l’appropriation (la privatisation) du site par le collectif qui s’en occupe, pour ancrer le site dans une communauté militante. Cela reste balbutiant, l’expérience commence juste. Mais c’est peut-être la seule piste possible en dehors du fait d’assumer l’autonomie totale du site, n’ayant de comptes à rendre à personne (ce qui est quand même problématique si l’on se considère « participatif »). Cela fait suite à la grève de début 2011 du collectif d’animation de Rebellyon, pour protester contre l’absence d’intérêt pour la vie du site et ses orientations de la part des militants lyonnais.

Entre des collectifs de médias alternatifs difficilement accessibles et des mouvements militants simples consommateurs, la coordination et la mise en place de réels outils communs est loin d’être évidente. C’est pourtant un enjeu de taille alors que le modèle de la publication ouverte (la main invisible de la libre expression censée s’auto-réguler) s’est effondré un peu partout dans le monde.


Voir en ligne : http://seenthis.net/messages/65174

Messages

  • Tout d’abord je souhaitais vous dire que je découvre votre blog et que vos articles sont très intéressants.
    Je m’intéresse fortement à ces enjeux et il y a une solution que je trouvais intéressante concernant la modération de contenu.
    Même si la pertinence de sites comme celui-ci peut être débattue, il est quand même intéressant de constater que leur système de modération est assez efficace. Je veux parler du site « viedemerde.fr ». Voir à la page :
    http://www.viedemerde.fr/moderation puis « Comment ça marche ? ».
    Je pense qu’il y aurait des choses à prendre et aussi des choses à enlever (classement visible...).
    Je n’y connais quasiment rien en codage et donc je ne sais pas si cela est très compliqué mais ce système de vote multiple avec des pondérations en fonction de la validation finale permet justement de supprimer quelque domination que ce soit par la maîtrise de la modération par une unique personne ou un petit groupe.
    Je ne sais pas où en sont les échanges à ce sujet et si cela a déjà été évoqué.

    Benjamin

  • Oui, c’est intéressant cette idée de pondération, mais ça renforce « la dictature de la majorité » quelque part. On peut imaginer que dans un cadre comme celui-ci, une idée minoritaire au sein de cette « communauté » aurait du mal à s’exprimer, quel que soit son intérêt par ailleurs…

    J’ai bien peur qu’il faille surtout de la patience, du débat (dans des forums internes comme cela se fait sur Rebellyon avant publication) et la possibilité de débattre régulièrement dans la vie la vraie de ce qu’il se passe sur le site. Mais au-delà de la publication ou non de tel ou tel article, c’est surtout la question du contrôle, de l’intérêt pour des « outils communs » qui se pose, et en conséquence, de leur renforcement, de leur soutien, y compris la critique pour les améliorer. C’est tout l’intérêt des médias collectifs et généralistes ancrés localement.

  • Effectivement concernant l’idée minoritaire.
    Je suis également d’accord pour la patience et les débats pour arriver à un consensus mais je ne sais pas si l’outil web et plus précisément le forum permet ou non une facilitation des échanges par rapport à un débat « physique ». Ce serait intéressant à analyser.
    Après jusqu’à quel point pouvons-nous donner le temps à des échanges démocratiques quand les sujets à débattre sont ancrés dans le temps dans le cas d’un site publiant des évènements ?

    Par rapport à la question du contrôle des ’outils communs", il y a derrière cela la même question que pour les groupes de terrain (associations, collectifs...), celle de la mobilisation et de la motivation des bénévoles et donc du nombre qu’ils sont, du roulement ou non...
    Je connais une association qui a d’abord commencé par un site internet avant d’aller sur le terrain, ce qui a fait que les personnes qui se sont fédérées autour du projet étaient éparpillées partout en France. A ce stade là, le week-end de rencontre par an, le forum, les AG sur Skype non pas eu plus de poids que les activités de chacun et les rappels de la vie (travail, argent...). Je n’apporte pas de réponse mais peut-être un peu d’eau au moulin.

  • Oui, au niveau national c’est compliqué. Mais au niveau local, quand on se connaît un peu, quand il y a des réseaux d’amitiés, de complicités, etc. c’est déjà plus facile à mettre en place.

    Ensuite, pour en revenir à l’idée de débat et de consensus, il faut distinguer la modération d’un article (pour laquelle il ne faut pas chercher à jamais se tromper, c’est impossible ;-) qui peut être l’objet de « mini-débats » à quelques-un-e-s, et ensuite les débats (plus occasionnels) sur les grandes orientations de la structure, les conflits, les « crises » même parfois, qui devraient donc se faire avec un maximum de personnes, qu’elles soient lectrices régulières et partie prenantes des initiatives relayées ou administratrices du site considéré comme bien communs. Ca devrait permettre d’éviter les crispations et divisions, qui nous amoindrissent beaucoup. Après, beaucoup de sites ont tenté ça, mais le souci vient aussi de la scène militante qui se désintéresse de ces questions, ou du temps qui est nécessaire pour que chacun-e s’intéresse à ces questions, se sente concerné tout en ayant les éléments nécessaires pour faire des choix. M’enfin c’est pas impossible non plus quand même, si on décide que ces outils sont des « biens communs ».

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